Bellegarde - Telefon EP II

Publié le par Puissance 4



Je ne savais pas bien à quoi m'attendre en insérant cet EP de Bellegarde dans ma platine, ayant jusqu'ici simplement entendu des titres sur Myspace. Et ceux qui me connaissent savent combien, sans pour autant détester Myspace qui est un outil formidable, j''emets des réserves sur tout contenu audio qui s'y trouve, tant la compression dénature le boulot des musiciens qui s'y exposent.


Le premier titre est assez surprenant, avec un côté léger mais assez jazzy, et puis en français. Bon, je dois avouer que la langue française est plutôt un truc qui me rebutte dans le rock, mis à part de rares exceptions (quelques groupes punk et les Young Gods, quand ils chantent en français). Mais ici, la mélodie prend vraiment le dessus sur le texte, alors ça ne me dérange pas trop. Ce morceau est assez révélateur de l'esprit qui règne un peu sur cet EP : la diversité. Je m'explique : dans une structure complètement conventionnelle, Bellegarde laisse échapper un grain de folie qui donne toute sa saveur à ce Reptil, qui nous laisse assez curieux sur la suite des évènements.


I can't breathe, est ensuite dans un registre très diférent. La section rythmique lance un riff entêtant pendant qu'une guitare vient saupoudrer quelques notes là dessus pour accompagner la voix, qui fait presque tout le boulot de la mélodie ici. On est vraiment dans un autre univers, sans doute plus proche du post-punk (on pense à Gang of Four sans être non plus dans l'héritage évident, et c'est très bien comme ça), le morceau s'emballe petit à petit avec l'apparition de choeurs et un son de guitare plus soutenu. Le final sonne même presque comme une libération pour les guitaristes qui semblent enfin montrer à jour une puissance qu'ils étouffaient jusque là (en même temps c'est dans l'esprit du titre), et on se dit qu'en live ça doit être quelque chose.


Nouveau morceau, nouvel état d'esprit, ce qui me saute aux oreilles ici, c'est que les gens de Bellegarde doivent sûrement écouter Sonic Youth. J'en veux pour preuve ce riff principal très teinté de l'esprit des New Yorkais, et puis cette voix presque parlée, comparable à certaines lignes de "chant" d'un certain Thurston Moore. Moins noisy que les titres de nos amis yankees, le morceau dispose pourtant de son envolée sonique. Ce Celebration Time est probablement mon titre préféré de l'EP.


Telefon, le morceau titre de l'EP est lui aussi doté d'une ambiance particulière, presque spaciale. Ce clavier fait un petit peu penser à certains (bons) titres des Dandy Warhols. C'est vraiment très bon. On se demande souvent comment le morceau va tourner, tant le groupe semble plein de surprises, et pourtant à chaque changement de rythme, le tissage semble tellement évident, symptomatique d'un groupe bien en place qui a des idées, mais qui sait aussi les mettre en forme.


Frank's Morning revient clairement dans les influences Sonic Youthesques du groupe. Excellent final pour cet EP (pourquoi les EP sont-ils si courts ?), ce titre sonne comme le générique d'une de ces sagas dont l'épisode 2 (ben oui c'est l'EP II) se termine par un dernier rembondissement qui nous donne envie de connaître la suite TOUTDESUITEMAINTENANT...


La production, comme sur le reste de l'EP y est soignée, avec des couches de guitare acoustiques en dessous des électriques pour donner de la rondeur, et puis un son de basse qui rebondit sur la batterie discrète mais efficace du groupe. C'est vraiment du bon boulot. Simplicité, Efficacité, pas de chichi, exactement ce qu'il faut quand il le faut.


Au final ce Telefon EP II est un disque extrèmement varié (on passe quand même du titre jazzy à l'hymne sonic youthesque), on y reconnait un certain nombre d'influences claires du groupe, toutefois Bellegarde ne copie pas ces groupes. Malgré les ambiances différentes de chaque morceau, le groupe possède sa propre griffe et sa propre conception de la musique. C'est sans doute ce qui fait la différence entre un bon et un mauvais groupe aux influences flagrantes, il y a ceux qui ne sont rien de plus qu'un (énième) rip-off, et puis les autres, comme Bellegarde, qui savent digérer leurs disques préférés pour en sortir quelque chose de personnel.




Ecouter Bellegarde : http://www.myspace.com/bellegardemusic 

Publié dans Chroniques de disques

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