Dour Festival 2008 (Jours 1 & 2)

Publié le par Puissance 4

Déjà un an s'était écoulé depuis que j'avais posé le pied  sur l'herbe (ou ce qu'il en restait) de la plaine de la machine à feu, et justement cette année était celle des 20 ans d'un festival en constant développement (et qui avait même d'un point de vue logistique bien eu du mal à prendre conscience de son propre succès lors de la dernière édition).

Après le rituel du passage de bracelet, de la récupération du programme du jour, on se fait un petit planning rapidos pour ne rien rater, le tout devant The Toasters, un groupe festif que par contre, on se décide à louper de plein gré... Un petit tour sur la Eastpack Core Stage pour voir le début d'Elvis Ghettoblaster, grosse sensation à Bruxelles apparemment, et pourtant pas l'ombre d'une secousse sous le chapiteau, pas très convaincants les petits fils belges du king...

Mais les choses sérieuses commençaient dès 15H avec The Brian Jonestown Massacre qui officiaient sur la grande scène, le soleil perçant alors le froid pour accueillir comme il se doit une des dernières formations qui mérite réellement l'appellation "rock 'n roll"



Loin d'être sobre, le groupe a pourtant livré une prestation parfaite, avec un son du tonnerre et une set-list best-of qui nous réchauffait un peu. Anton Newcombe, dans sa traditionnelle rêverie éthylique joue carrément dos au public pendant plusieurs titres, avant de reprendre du poil de la bête et de débuter un véritable show comique entre les morceaux, insultant l'hélico de la police qui tournait au dessus du site "Hey, we're playing music, we don't need a fuckin' helicopter... so FUCK YOU !!!" puis demandant à un plaisantin du public déguisé en Ronald Mc Donald de monter sur scène "Everybody loves Joel, and everybody loves Ronald Mc Donald", ce même Joel, qui brandissant une bière entre deux morceaux sourit en s'exclamant fièrement "Breakfast !", un des guitaristes se lancera lui dans une imitation de Lemmy Kilmister (Motörhead), entonnant le mythique refrain "The ace of spaaaaaaades", enfin, après avoir tapé sur sa guitare comme sur un tam-tam en demandant à la foule "All the black people say yeah !", Anton quittera définitivement le monde réel, en partant dans un trip anti-guerre... "Belgium is a giant cemetery... thousand of people died here... for nothing... for SHIT", il ira même jusqu'à réclamer une minute de silence en mémoire des morts...

Au delà donc, d'une avalanche de blagues a faire passer Eric et Ramzy pour un duo dépressif, le groupe aura signé une performance musicale de très haut niveau en nous ofrant une bonne tranche de rock 'n roll dans tous les sens du terme. Vanne finale, Anton Newcombe se retirera après un mythique "Viva la France", du plus bel effet devant un public majoritairement belge...

On assiste à une partie du concert de Steak N°8, un groupe de Courtrai qui fait dans le postcore. Malgré leur jeune âge ils s'en sortent plutôt pas mal même s'ils n'arrivent bien évidemment pas au niveau de leurs compatriotes d'Amenra, on peut quand même miser un jeton ou deux sur la tête de cette formation qui a quelques idées.

Le temps se gâte un peu alors, nous nous réfugions sous un chapiteau pour tenter The Mystery Jets, un groupe anglais habillé en rose, au son aussi dégueulasse que les conseils de leur styliste donc... on en profite pour casser la croute

Puis ce sont Foals qui montent sur scène, tel un tribute band à Battles dont il ne peuvent renier l'influence indéniable tant certains plans sont du quasi-copier coller (c'est surtout flagrant en live). Pas mauvais, mais la pluie aura eu raison de notre patience et nous partons avant la fin pour aller revoir (une fois de plus pour ma part, je ne compte même plus) les Dub Trio sur le Club Circuit Marquee. Une prestation sans surprise, très carrée, avec moins de fantaisies que lors de leur passage au Grand Mix il y a quelques mois, ce qui fait que j'ai préfèré le set de Dour malgré l'absence de Angle of Acceptance, qu'ils ont juste joué en partie pendant le soundcheck.




Et c'est alors que nous avons rendez-vous avec le premier groupe français du festival, non-pas que la fibre patriotique nous anime, mais Dour a plutôt l'habitude de sélectionner des groupes français dont on est rarement fiers (et cette année ne fera pas exception avec des daubes comme BB Brunes, Tunisiano ou encore Aqme... ). Ez3kiel se pointe donc sur scène avec leur matos encombrant, et nous délivrent un set electro allant du plus trippant au plus bestial, avec de belles trouvailles notamment dans les vidéos qui accompagnent le concert (on se souvient de ce clip avec une animation qui bouge selon les mouvements des 2 batteurs), et surtout ce ballon géant laché dans le public et dont chaque coup donné dessus déclenche une note. Une belle expérience qui nous a enchanté.

Pour terminer la soirée, on décide donc de voir Goldfrapp sur la grande scène. Drappés de blanc (choquant quand on connait leur passé parfois "choc" justement), munis de harpes et de flûtes, le concert aura été chiant de quasi bout en bout, hormis un rappel où ils claqueront tout de même quelques tubes. La pluie et le froid n'aidant pas, le genre de goutte d'eau glacée qui vous glisse entre les omoplates pour vous pénétrer jusqu'aux os, la bonne volonté du groupe ne suffira pas à nous réchauffer... et franchement ça ne restera pas un grand souvenir (hélas)...





Le lendemain nous sommes de retour, après avoir expérimenté quelques instants des sets de Orfeo et Poulycroc, groupes festifs insupportables aussi bien musicalement que visuellement, on se prépare à assister au début du concert de The Germans, groupe belge garage punk aux tendances très noisy dont on parle de plus en plus dans le plat pays. Le son très brouillon n'aura pas suffit à sauver la prestation. Un vrai gâchis, car pour les avoir vus à De Kreun il y a quelques semaines, ces petits gars ont quelques titres vraiment efficaces dans leur besace.

Dans un autre registre, Ultraphallus se prépare à faire parler la poudre à l'autre bout du festival. Forts d'un album (Lungville) salué par la critique, ce groupe belge sludge se préparait à défendre son nouvel opus dont on dirait également déjà le plus grand bien. Première suprise, le line-up a complètement changé depuis leur concert de l'année passée aux caves de cornillon à Liège. Seuls le guitariste et le chanteur ont survécu à la tempête. Le concert débute par un bout de reprise de Drain You de Nirvana avant de se poursuivre dans un chaos total, gras et lourd au possible, le chanteur hurlant comme un possédé et ses musiciens martyrisant leurs instruments pour en sortir les sonorités les plus invraisemblables. Les nouvelles chansons sont bien plus noisy que les anciennes. Si le groupe a conservé quelques vieux titres très influencés par les Melvins comme l'hymnesque "Antibody", le reste sonne comme une rencontre entre eyeHATEgod et les White Mice dans une cave sombre et brumeuse. Un saxophoniste sera de la fête aussi... qui a dit Wolf eyes ? Si la musique d'Ultraphallus n'est pas si poussée à l'extrême il est indéniable que c'est la même énergie qui les anime.

S'en suivent alors les doomsters d'Harvey Milk, fraichement rejoints par Joe Preston (est-il franchement utile de rappeler que ce gars là a joué dans les groupes parmi les plus excitants des 2 dernières décennies), venus eux-aussi défendre un nouvel album plutôt bon sans toutefois atteindre l'excellence d'un Special Wishes, probablement leur album culte, dont de nombreux extraits seront joués pour l'occasion, notamment un "I got a love" anthologique en final. Seule longueur, une sorte de ballade aux allures d'hymne national, franchement décalée, franchement longue et franchement inutile... Cela n'aura toutefois pas entamé la qualité de leur prestation.




Nous patientons alors pendant le changement de plateau afin de retenter Oxbow, déjà passés l'année dernière au Grand Mix pour un set acoustique, en première partie d'Isis, aux allures de Captain Beefhart du pauvre... Mais comme tout le monde en dit le plus grand bien, c'était sans doute une bonne idée de les revoir en électrique. Au final, si un ou deux morceaux se détachent très légèrement du lot, c'est avant tout une prestation scènique de son frontman que le groupe offre sur scène, avec ce colosse black complètement dingue aux oreilles scotchés qui se déshabille au fil des titres et qui finit par se mettre la main dans le slip et se trémousser sur scène sans aucun complexe. Ce ne fut pas aussi mauvais qu'au Grand Mix, ce ne fut même pas mauvais en fait, mais ce ne fut pas non plus à la hauteur de leur réputation qu'on peut affirmer sans trop se tromper de très surestimée donc.




S'en suit alors Pinback, pas grand commentaire sur ce groupe désormais culte qui a offert une prestation très indie pop qui est passée comme une lettre à la poste, sans toutefois retenir notre attention plus que ça, mais à vrai dire, ils étaient là au bon endroit, au bon moment pour nous offrir cette petite heure rafraichissante.




C'est maintenant l'heure de retrouver un peu de jazz avec les legendaires belges de Flat Earh Society qui jouaient pour l'occasion avec l'insaisissable Jimi Tenor, sorte d'Austin Powers jazzy aux élucubrations aussi loufoques que sa discographie. S'il y avait bel et bien collaboration, on sentait tout de même les côtés des deux artistes sur scène. Ainsi 80% des morceaux ont été dans un jazz psychédélique que l'on connait bien chez Flat Earth Society et que, pour ma part j'ai beaucoup apprécié, et le reste était composé de morceaux jazzy où Jimi Tenor exercait sa voix tel un crooner des temps anciens, et qui étaient, certes décalés et funs, mais cassaient un peu le rythme d'un concert pourtant parti sur de bonnes voies. Un coup d'épée presque dans l'eau au final donc.




Changement radical de style sur la grande scène où Life of Agony sont venus saigner à blanc le public de Dour de leurs riffs hardcore acides. Un son puissant et des morceaux exécutés parfaitement par un groupe mené par un chanteur dont la voix est plutôt atypique comparée à la majorité des frontmans hardcore actuel qui passent leur temps à hurler. Whitfield Crane alterne quant à lui les techniques de chant, en fonction des parties musicales qu'il a à occuper. Il y avait bien un concert de hardcore à Dour a faire cette année, tradition oblige (même si l'année passée avait été riche avec des groupes comme Converge ou 108), autant que ce soit celui-ci donc.



La nuit est alors tombée et on assiste sur la grande scène à la première demi-heure d'Ice Cube dont on se préparait au pire et qui a pourtant été véritablement excellent avec un son diabolique (bien meilleur que celui du Wu-Tang ensuite) et des tubes toujours aussi efficaces. On regrette même de devoir partir si tôt, mais on a rendez-vous avec le paranormal puisque l'ovni Battles nous attend sur la Red Frequency Stage... comme d'habitude, le supergroupe composé de membres de Don Caballero, Helmet, Lynx et Tyondai Braxton (signé chez Warp, s'il vous plait) grille un ampli... sur 4 concerts que j'ai vu de leur part il seront tout de même venus à bout d'un clavier, un ampli basse et un ampli guitare... gros budget matos chez Battles donc...



Les balances s'éternisent, rituel de Battles également, mais le groupe débute sans trop de retard avec l'inusable "Race out", véritable invitation au trip. Directement le groupe embraye sur Tij, morceau énorme qui retourne la foule très nombreuse (il fallait rentrer au chausse-pied pour assister à leur show), puis peu après Atlas finit d'achever un public déjà tout acquis à leur cause. Les battles sont toujours aussi géniaux, déconcertants de facilité à enchainer les parties injouables, John Stanier mitraille ses futs pendant que Tyondai Braxton joue de la guitare d'une main et du clavier de l'autre. Enfin le concert, bien trop court, s'achève par un Race in complètement dingue, Stanier souffrant dans sa chemise trempée de sueur, tient un rythme impossible pendant plus de 5 minutes d'affilée pendant que les autres bouclent leurs riffs en continu (car Battles, aussi incroyable que ça puisse paraître, joue sans aucun sample sur scène). Lever de rideau, la foule applaudi et les réclame un moment, mais les festivals sont cruels et ils ne pourront revenir. Des étoiles dans les yeux et conscients d'avoir assisté au meilleur concert du festival nous nous fondons donc parmi la foule pour assister au concert d'un autre groupe un poil plus vieux...

Le Wu-Tang Clan est revenu ! Mais au complet cette fois, et si le show de l'année passée était très bon, celui de cette année l'est encore d'avantage. Malgré un son peu puissant (il fallait approcher assez près pour entendre l'instru masquée par les voix, surprenant sur la grande scène), le groupe a donné un concert impeccable, allant piocher dans son gros réservoir à tubes pour ravir un public qui les attendait de pied ferme. Pas de rappel, le Wu-Tang préfère s'en tenir là et livrer un show intensif. Pas de problème, on est déjà bien contents d'avoir pu une nouvelle fois assister à un concert de ces poids lourds du rap américain.



A SUIVRE !!!

Publié dans Chroniques de concerts

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article