Einstürzende Neubauten @ Ancienne Belgique (Brussel, BE) 21/05/08

Publié le par Puissance 4



Einstürzende Neubauten est tout à fait le genre de groupe inconnu pour la plupart des gens, et pourtant complètement culte et historique pour une frange de la population. Je fais partie de ces seconds, ceux qui vouent un culte à la bande de Blixa Bargeld.

 

Petit rappel donc, Blixa Bargeld est un allemand, très connu même du « grand public », pas vraiment pour être le leader d’Einstürzende Neubauten, mais plus pour avoir officié de nombreuses années aux côtés d’un certain Nick Cave et de ses bad seeds.

 

Le groupe est né il y a bien longtemps, dans les années 80, avec cette sensation si particulière d’une Allemagne post-deuxième guerre mondiale, encore traumatisée par ses agissements, divisée géographiquement et en plein boum des esprits créatifs (ce qui explique le nombre important de groupes essentiels en Allemagne à cette époque, comme Kraftwerk pour n’en citer qu’un mais aussi des tas de groupes Krautrock et industriels, notamment CAN, Faust ou NEU !). Fortement marqués par cette division, d’autant plus que le groupe était situé à Berlin, Neubauten n’est pas un groupe politique proprement dit, mais a longtemps évoqué cette idée d’une nouvelle Allemagne scindée en deux qui ne les satisfaisait pas (d’ailleurs leur nom signifie Immeubles Neufs en Destruction, tout un symbole).

 

Neubauten a forgé sa réputation à partir de son incroyable inventivité. En effet, dès ses débuts, le groupe a utilisé des instruments de son invention, en fait le plus souvent, des matériaux de récupération utilisés comme des instuments. Ainsi on a pu les voir faire de la musique avec des marteaux, des perceuses, des bouteilles d’air comprimé, des jerricans, des bétonnières, des caddies passés à la scie circulaire ou même encore des collages de déchets… impressionnant vous avez dit ? Et bien oui

 

Musicalement le groupe est un des pionniers du mouvement industriel (pas étonnant avec des instruments pareils), leur musique est envoutante et envoutée et est faite d’expérimentations en tout genre autour d’une basse directement influencée par les groupes cold-wave.

 

Je ne les avais pas vus depuis la tournée des 20 ans du groupe (en 2005 il me semble), et un concert absolument hors-norme qui avait été une des plus grosses claques de mon existence. C’était donc ce soir l’heure des retrouvailles.

 

Globalement ce fut un set moitié best-of, moitié nouveautés. En proportion parfaite en fait.
Un concert très conventionnel, on est bien loin de la folie de la tournée des 20 ans à laquelle j'avais assisté. C'est bien moins spectaculaire mais bon, c'est normal, à l'époque c'était justement un concert exceptionnel, ici on est sur un concert de tournée classique.

Neubauten est un groupe qui ne vieillit pas hormis Alexander Hacke qui a pris quelques années dans la gueule depuis la dernière fois mais continue de dénoter du groupe avec son look de heavy metalleux (alors que tous les autres sont fringués très classes mais avec des détails chocs). Sur scène ça reste toujours impeccable, incroyablement carré malgré leur attirail aussi ingénieux que rudimentaire (malle en fer en guise de grosse caisse, tuyaux de gouttière pour faire des percus etc...), avec des places ça et là pour des improvisations.

 

L’Ancienne Belgique est archi-blindée et je suis contraint de me réfugier au deuxième balcon pour ne pas rater la première partie du show. Après quelques morceaux éprouvants, le groupe décide de faire une pause bien méritée. J’en profite pour descendre et me faufiler dans la foule massive et compact de la meilleure des salles belges (et voilà, il fallait qu’une fois de plus je déclare mon amour pour l’AB dans un de mes articles)

Blixa Bargeld, comme à son habitude est très communicatif, et raconte des blagues dans un anglais au fort accent allemand des plus addictifs (oui ce type a vraiment une classe inouie, même tout en noir dans un costard avec une coupe de cheveux toujours aussi improbable et des pieds nus).

Un deuxième rappel avec un jeu orchestré par Blixa Bargeld où chaque musicien tire des cartes qui lui donnent des instructions concernant l'improvisation qu'il doit réaliser avec le groupe. Blixa se la joue un peu en mode "ouais je suis un génie j'ai inventé un jeu pour l'impro t'as vu..."

eh dis donc Blixa, juste comme ça, ce serait cool de lui donner un nom à ce jeu, genre je sais pas moi, "Cobra Session"... je propose ça vrrrrrrrrraiment par hasard quoi....

Enfin, l'impro est plutôt cool et marrante. Et le concert s'achève peu après, Avec, un des meilleurs titres du groupe avec « Silence is Sexy » : une version particulièrement énorme de "Alles", très très cold wave pour le coup, qui a sans doute ravi la foule en ces périodes de joy division revival...

Voilà, j’y étais, et il fallait vraiment y être. Bien loin de la folie de la tournée anniversaire, le groupe a toutefois assuré un show excellent et sans complexe, avec un son du tonnerre dans une salle géniale et à guichets fermés.



Ecouter Einstürzende Neubauten : http://www.myspace.com/neubauten

Publié dans Chroniques de concerts

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